Le président de la République entérinera au sommet de Strasbourg début avril le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Le premier ministre a du engager la responsabilité de son gouvernement pour répondre aux contestations des parlementaires. Il s’agissait pour l’exécutif d’éviter un refus du parlement sur une question qui a surtout force de symbole mais qui prouve la contradiction du gouvernement en matière de défense européenne.
Cependant dans un monde fragmenté et multipolaire, le symbole d’une France aux valeurs universelles, autonome des autres puissances, prend toute son importance. Force est de constater que nous ne partageons pas toutes les orientations des Etats-Unis en terme de politique étrangère. La position française sur le conflit en Irak est une illustration qui doit servir d’exemple.
Nous participions déjà à 36 des comités de l’OTAN. Avec la réintégration dans le commandement intégré, notre pays participera à 37 des comités. Nous conservons notre indépendance en matière nucléaire, car la France n’intègre pas le groupe des plans nucléaires. Nous aurons à assumer tout de même le commandement de deux bases militaires de l’OTAN.
Ces trois arguments sont souvent mis en avant pour justifier cette réintégration. A cela s’ajoute un argument fallacieux qui consiste à dire que si nous réintégrons le commandement de l’OTAN, les Etats-Unis nous laisserons, à nous Européens, la possibilité de bâtir une défense européenne indépendante. Seule l’émergence d’un pilier européen dans l’OTAN aurait pu justifier le retour de la France dans la structure de commandement intégré.
Les Etats-Unis ont une histoire singulière avec la France et l’Europe. Ce n’est pas faire insulte au peuple américain que de dire que la France, et espérons-le, l‘Europe, doivent parfois porter une voie différente face aux conflits.
Notre priorité est donc de prouver à nos partenaires que leurs intérêts en matière de sécurité et de défense sont d’abord en Europe et seulement ensuite dans le lien transatlantique. Ce n’est en aucun cas une attitude anti-américaine, mais c’est le seul choix véritablement européen, celui que la France aurait dû défendre avec courage.
La décision de réintégrer l’OTAN marque une rupture forte avec notre politique de défense que le MJS se doit de dénoncer.