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21 février 2009 6 21 /02 /février /2009 14:56

Le 9 février dernier, a débuté à l’assemblée nationale l’examen de la loi HPST, censée garantir l’efficience et la sauvegarde de notre système de santé et portée à bout de bras par Mme Bachelot.

 

Le Mouvement des Jeunes Socialistes, dans la continuité de ses précédentes prises de position à ce sujet, ne peut que réaffirmer son opposition totale à la loi HPST, qui loin de combler les inégalités territoriales et sociales dans l’accès aux soins ne va faire qu’en perpétuer les effets les plus néfastes. La loi «Hôpital Patients Santé Territoire» est une nouvelle  accélération de la privatisation du système de santé. Non content d’aligner des réformes dont personne ne semble se soucier d’évaluer les dégâts, massifs sur la qualité des soins et  la démobilisation des professionnels de santé médicaux comme paramédicaux, le gouvernement continue à avancer à marche forcée vers une organisation de plus en plus inégalitaire.


La création des ARS (Agences régionales de santé) ressemble de plus en plus à une véritable usine à gaz, qui fait la part belle aux contractuels venus du privé, dévoyant les missions actuelles des administrations déconcentrées de l’Etat, du GRSP et des caisses régionales d’assurance maladie. Bien que la loi ne soit pas encore votée, les nominations des directeurs d’ARS, recrutés sur simple convenance et dotés de pouvoirs exorbitants sont déjà en cours, ce qui caractérise bien la société antidémocratique dans laquelle nous vivons. L’hôpital devrait être géré comme une entreprise tout en laissant la part du marché la plus juteuse aux cliniques privées, marché de dupes s’il en est. Les bénéfices colossaux de la Générale de santé (propriétaire et actionnaire de près de 200 cliniques) en disent long sur l'orientation d'un tel dispositif.


Pendant ce temps-là, la loi HPST entreprend une véritable démolition du fonctionnement démocratique des hôpitaux. Après les réformes controversées de la T2A et de la nouvelle gouvernance hospitalière, c’est maintenant un conseil de surveillance qui se substituera au conseil d’administration, laissant à la porte les représentants des collectivités et des syndicats, pour mieux se calquer sur le fonctionnement des sociétés. Le directeur d’hôpital, quant à lui, verra ses attributions renforcées sans aucun contrepouvoir, pourra être recruté à la sortie de n’importe quelle école du management et sera directement nommé par le directeur de l’ARS. Les patients, toujours peu ou prou dindons de la farce, subiront davantage les diminutions d’effectifs et le turn-over d’intérimaires de la santé. Les séjours seront de plus en plus rapides, laissant dans l’angoisse des suites opératoires, des patients sortis à peine réveillés de l’anesthésie. Les consultations privées, scandaleusement assorties de suppléments d’honoraires sans tact ni mesure ni surtout la moindre légitimité, voient leur nombre augmenter de façon exponentielle.


Quels hôpitaux seront alors contraints d’assumer tout ce qui n’est pas rentable ? Les quelques hôpitaux dits de proximité qui seront réduits à accueillir la misère du monde, les vieillards abandonnés, les polypathologiques si peu désirés dans la belle médecine des grandes usines à soin déshumanisées ? Déjà, certaines structures privées transfèrent systématiquement dans le public les patients qui dépassent la durée moyenne de séjour.


La médecine qui se profile là est celle du beau diagnostic, de la performance, de l’exception, dont on a besoin, certes, mais qui est loin de représenter la médecine dont la majorité des citoyens ont besoin. Alors, qui acceptera de se coltiner cette médecine ingrate, selon ses propres critères, celle la plus fréquemment requise, celle de la maladie au long cours, celle qu’on ne guérit pas forcément, celle qui traîne à n’en plus finir, celle des vieillards dont les facultés diminuent lentement mais sûrement ?

La loi HPST ne s’attaque que très peu, sauf en apparence et pour faire passer la pilule, aux véritables problèmes comme la démographie médicale de plus en plus inégalitaire et le refus de soins des patients couverts par la CMU.


Le gouvernement ne peut jouer impunément avec la santé de nos concitoyens aussi nous serons aux côtés des professionnels de la santé qui manifesteront leur colère le 19 mars.

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